Le documentaire "THE RIDE" de Stéphanie Gillard
En salle depuis le 7 Février 2018 :
Après des études de droits, Stéphanie Gillard intègre l’ESAV à Toulouse et commence à travailler
en tant qu’assistante réalisation et assistante de production.
Par la suite, elle produit et réalise son premier documentaire "Une Histoire de Ballon" traitant de la
rencontre entre la tradition orale et le football au Cameroun. Elle réalise un second documentaire
en 2009, "Les Petits Princes des sables". Son troisième documentaire, "Lames Ultramarines" parle
de jeunes escrimeurs des Antilles françaises rêvant de rejoindre l’équipe de France d’escrime.
"The Ride" est son premier long-métrage documentaire cinéma.
SYNOPSIS :
Chaque hiver, une troupe de cavaliers Sioux traverse les grandes plaines du Dakota pour
commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee. Sur ces terres qui ne leurs
appartiennent plus, les aînés tentent de transmettre aux plus jeunes leur culture, ou ce
qu’il en reste. Un voyage dans le temps pour reconstruire une identité perdue qui confronte
l’Amérique à sa propre histoire.
Tout le film se déroule le temps de la chevauchée, du premier jour, au moment du rassemblement
des cavaliers, au quinzième et dernier jour, lors de la cérémonie dans le cimetière de Wounded
Knee.
Pas à pas, nous suivons leurs aventures, utilisant un style de cinéma « direct ». Ainsi, le film se
focalise sur les histoires et les émotions qui émergent pendant le voyage, installant le spectateur
dans le moment présent. Pas de voix off, pas de spécialistes ou d’historiens, pas de discours
politique... L’histoire est racontée ici par des Sioux d’aujourd’hui, avec leurs propres mots.
Le film essaye de se rapprocher des êtres humains, leurs gestes, leurs silences, leurs re gards, leurs
hésitations, leurs émotions et leurs rires. Les anecdotes qu’ils nous racontent sont souvent dures
mais jamais larmoyantes. Ils ont un style unique, une forme d’humour noir, mélangée à de la
distance.
La chevauchée offre au film un cadre visuel très fort : des cavaliers Lakotas qui surgissent dans
les grandes plaines, coincés entre une autoroute et des stations services. Tout au long, il y a ce
contraste entre la nature sauvage dans laquelle leurs ancêtres vivaient autrefois, et l’univers en
plastique bon marché de l’Amérique d’aujourd’hui. Les clôtures en barbelés sont partout, un peu
comme des frontières que la tribu ne peut pas traverser, même sur sa propre réserve.
Rouge International : Y a t-il une dimension politique dans votre film ?
Stéphanie Gillard :
Pendant les 15 jours de la chevauchée, ces hommes se ressaisissent
de leur Histoire, la tête haute. Ils sortent de l’esprit de
prostration dans lequel on dépeint si souvent la réserve. Ils
ne sont plus des victimes, des assistés, des alcooliques, des
chômeurs, des suicidaires, des gens sans avenir et sans culture,
mais, en faisant face au froid, à la neige, à la faim, mais aussi
au regard des autres, ils sont courage, solidarité et dignité.
Au galop dans les prairies, ils redeviennent, le temps de deux
semaines, sinon des guerriers, du moins les membres d’un
peuple qui jadis fut libre.
Ils se ressaisissent de leur Histoire
pour qu’elle ne soit pas oubliée, pour dire l’importance de la
mémoire et pour la transmettre, en même temps que leurs
valeurs, à la jeune génération. C’est un cheminement pour
devenir soi, simplement, redevenir Lakota. Cette chevauchée suit une piste de larmes mais elle est vécue
par les cavaliers comme un moment joyeux, ce qui rend cette
histoire fascinante et exaltante. Par conséquent, ce film peut
toucher tout le monde, parce qu’il montre un bel exemple
d’humanité, de générosité, de courage et de sagesse à l’heure
ou les valeurs ont tendance à être oubliées.
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