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"THE RIDE, la chevauchée" de Stéphanie Gillard

Publié le 08/02/2018
MAJ le 04/01/2024

Le documentaire "THE RIDE" de Stéphanie Gillard

En salle depuis le 7 Février 2018 :
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Après des études de droits, Stéphanie Gillard intègre l’ESAV à Toulouse et commence à travailler en tant qu’assistante réalisation et assistante de production. Par la suite, elle produit et réalise son premier documentaire "Une Histoire de Ballon" traitant de la rencontre entre la tradition orale et le football au Cameroun. Elle réalise un second documentaire en 2009, "Les Petits Princes des sables". Son troisième documentaire, "Lames Ultramarines" parle de jeunes escrimeurs des Antilles françaises rêvant de rejoindre l’équipe de France d’escrime. "The Ride" est son premier long-métrage documentaire cinéma.

SYNOPSIS :

Chaque hiver, une troupe de cavaliers Sioux traverse les grandes plaines du Dakota pour commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee. Sur ces terres qui ne leurs appartiennent plus, les aînés tentent de transmettre aux plus jeunes leur culture, ou ce qu’il en reste. Un voyage dans le temps pour reconstruire une identité perdue qui confronte l’Amérique à sa propre histoire.

Tout le film se déroule le temps de la chevauchée, du premier jour, au moment du rassemblement des cavaliers, au quinzième et dernier jour, lors de la cérémonie dans le cimetière de Wounded Knee.

Pas à pas, nous suivons leurs aventures, utilisant un style de cinéma « direct ». Ainsi, le film se focalise sur les histoires et les émotions qui émergent pendant le voyage, installant le spectateur dans le moment présent. Pas de voix off, pas de spécialistes ou d’historiens, pas de discours politique... L’histoire est racontée ici par des Sioux d’aujourd’hui, avec leurs propres mots.

Le film essaye de se rapprocher des êtres humains, leurs gestes, leurs silences, leurs re gards, leurs hésitations, leurs émotions et leurs rires. Les anecdotes qu’ils nous racontent sont souvent dures mais jamais larmoyantes. Ils ont un style unique, une forme d’humour noir, mélangée à de la distance.

La chevauchée offre au film un cadre visuel très fort : des cavaliers Lakotas qui surgissent dans les grandes plaines, coincés entre une autoroute et des stations services. Tout au long, il y a ce contraste entre la nature sauvage dans laquelle leurs ancêtres vivaient autrefois, et l’univers en plastique bon marché de l’Amérique d’aujourd’hui. Les clôtures en barbelés sont partout, un peu comme des frontières que la tribu ne peut pas traverser, même sur sa propre réserve.



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Stéphanie Gillard : Pendant les 15 jours de la chevauchée, ces hommes se ressaisissent de leur Histoire, la tête haute. Ils sortent de l’esprit de prostration dans lequel on dépeint si souvent la réserve. Ils ne sont plus des victimes, des assistés, des alcooliques, des chômeurs, des suicidaires, des gens sans avenir et sans culture, mais, en faisant face au froid, à la neige, à la faim, mais aussi au regard des autres, ils sont courage, solidarité et dignité. Au galop dans les prairies, ils redeviennent, le temps de deux semaines, sinon des guerriers, du moins les membres d’un peuple qui jadis fut libre.

Ils se ressaisissent de leur Histoire pour qu’elle ne soit pas oubliée, pour dire l’importance de la mémoire et pour la transmettre, en même temps que leurs valeurs, à la jeune génération. C’est un cheminement pour devenir soi, simplement, redevenir Lakota. Cette chevauchée suit une piste de larmes mais elle est vécue par les cavaliers comme un moment joyeux, ce qui rend cette histoire fascinante et exaltante. Par conséquent, ce film peut toucher tout le monde, parce qu’il montre un bel exemple d’humanité, de générosité, de courage et de sagesse à l’heure ou les valeurs ont tendance à être oubliées.

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