R.I.P Monsieur Bernard Lebrun - Grand Reporter à France 2 - et auteur de "Robert CAPA, traces d'une légende" :
Bernard était un fou... un fou de passion, un fou de savoir, un fou d'amour. Aujourd'hui, Bernard s'est absenté pour l'éternité.
De ce douloureux vide ressurgissent les plus beaux souvenirs et ses plus belles colères.
Des échanges riches durant lesquels l'argumentaire devait être
ciselé pour avoir le privilège de lui tenir tête. Car oui, c'était un privilège de pouvoir débattre avec lui... Il nous laisse un immense héritage,
celui de la Mémoire. L'Histoire et ses légendes.
De ses blessures personnelles est née cette soif de transmettre et de ne pas oublier.
Témoin de notre vie contemporaine
et insatiable érudit. À présent, il va pouvoir retrouver ces figures qu'il respectait tant, Capa, Massoud, Mandela...
et les siens, partis trop tôt, comme lui.
Nous avions tant de moments et de discussions à partager... son regard taquin, sa voix tonitruante
et son rire franc nous manqueront à jamais.
FLEG
Dernière image connue de Robert Capa vivant,
disparu le 25 mai 1954
Bernard Lebrun lors de la cérémonie
Heureuse d’avoir rendu hommage aujourd’hui à trois figures majeures du reportage de guerre,trois légendes réunies à nouveau ici à Paris au 37 rue Froidevaux, là où se trouvait l’atelier de Robert CAPA, Gerda TARO et David SEYMOUR dit Shim @Anne_Hidalgo @cgirard @DanielePourtaud pic.twitter.com/3i69oD7XYs
— Karen Taieb (@Karentaieb4) 8 novembre 2018
Plaque commémorative en hommage à Robert Capa
Le 08 novembre 2018 à 11 heures, à l'initiative de monsieur Bernard LEBRUN une plaque commémorative en hommage
à Robert Capa, Gerda Taro et Chim (trois pionniers du reportage de guerre) sera inaugurée au 37 de la rue Froidevaux
à Paris 14ème - adresse historique de l’atelier Robert Capa".
Robert CAPA, traces d'une légende...
Avec la sortie, le 3 novembre prochain,
"Robert CAPA, traces d'une légende"
aux
Editions de la Martinière
,
co-écrit
par Michel LEFEBVRE - journaliste au Monde - et
Bernard LEBRUN -
journaliste à FranceTélévisions -
INUMAGINFO vous propose de découvrir ou redécouvrir, à travers les réponses de
Bernard LEBRUN,
Monsieur ROBERT CAPA, un photographe - journaliste - hors du commun.
INUMAGINFO
- Pourquoi un énième livre sur Robert CAPA ?
Bernard Lebrun :
Les livres consacrés à la vie et l'oeuvre de Robert Capa, ne sont pas si nombreux.
Son oeuvre - environ 70 000 photographies (de 1932 à 1954)
est déclinée en livre, selon ses différents reportages :
Espagne, Chine, Seconde Guerre Mondiale, URSS, Israël, Indochine.
Quelques autres livres ont donné naissance à une vision plus transversale de son travail :
son regard sur les enfants, par exemple, au travers l'histoire du XXe siècle; ou encore sur
sa démarche : "Capa at work" édité aux Etats-Unis par
l'International Center of Photography de New York
, fondé par son jeune frère
Cornell Capa en 1973.
Mais il y a bien longtemps que les propres livres de Bob Capa, édités de son vivant,
demeurent introuvables. Michel et moi avons rédigé un nouveau livre consacré à Robert Capa,
car nous disposions de sources parisiennes inédites (archives privées) le concernant.
Il ne s'agissait pas pour nous de répéter à l'infini ce qui a déjà été écrit sur lui. Surtout pas.
Ce livre a l'ambition d'étudier les conditions de production de son oeuvre, avec, bien sur,
pour principal vecteur : la presse.
L'inventaire de la publication dans les magazines et la presse quotidienne de l'oeuvre de Capa
est toujours en cours.
Il demeure impossible d'être exhaustif sur la question, tant son oeuvre a connu un succès...
mondial, dés les années Trente. Notre livre comprend nombres de faits et d'images totalement
inédits jusqu'alors.
INUMAGINFO
- Pourquoi le titre "traces d'une légende" ?
Bernard Lebrun :
C'est la particularité de la vie, et donc de l'oeuvre de Robert Capa :
Juif hongrois en exil; fuyant le nazisme, tant par conviction que par goût de la liberté,
il va disséminer au travers ses villes de résidences - Paris surtout, mais aussi New York,
Londres et beaucoup d'autres - les traces de son activité et le souvenir de son passage.
Toute sa vie, l'homme vécut à l'hôtel.
Sans appartement à lui et sans jamais avoir trouvé le temps ou le goût de fonder une famille :
"solitaire, célibataire
et nomade"
comme l'écrivait Raymond Depardon dans les années 70,
à propos de sa vie de reporter. Ce n'est pas qu'un mythe.
C'est une réalité qui s'impose de fait.
Mais à Paris, pour une fois - de 1937 à 1939 -
Capa a loué l'unique Atelier-Studio-Photos de sa brève vie professionnelle.
Ce sont les "traces" produites, puis entassées et oubliées à Paris par ce photojournaliste
de légende. Comme tous les hommes célèbres, foudroyé en pleine gloire à 40 ans,
Capa est une "légende" de la profession, la notre. Tout comme James Dean l'est pour le public
et les acteurs, "légende" authentique d'Hollywood.
L'inventeur même - (avec, des années avant, des aînés lui ouvrant la voie :
on écrit que si Capa est l'inventeur et le père du photojournalisme; Erich Solomon,
dans les années Vingt de la République de Weimar en Allemagne en est dit-on,
" le grand- père" !)
- de cette profession, contemporaine de l'apparition de la presse
d'actualité illustrée, qui ont constitué le départ de notre livre.
Traces éparses et rares, auxquelles nous avons tenté de restituer
une lisibilité et une visibilité.
INUMAGINFO
- Pourquoi une collaboration avec un confrère pour l'écriture de ce livre ?
Bernard Lebrun :
Le goût pour la même période et la même recherche de ses "traces" dans la presse
et l'édition, y compris photographique
(ah les marchés aux puces et autres marchés
de vieux papiers si pleins de noblesse et de "trésors" pour nous deux !)
;
le goût pour la Guerre d'Espagne et les Brigades Internationales et notre lien par
nos racines familiales à cette noble épopée des "Vaincus"; l'envie de travailler
ensemble pour mêler nos collections personnelles est une évidence :
on travaille mieux et plus vite à deux que tout seul !
INUMAGINFO
- Comment interpréteriez-vous
"Si ta photo n'est pas bonne, c'est que tu n'étais pas assez près",
phrase de Robert CAPA et/ou de son amie Gerda Taro ?
Bernard Lebrun :
Cette citation est bien de Robert Capa.
On peut affirmer qu'il s'agissait pour lui
d'une devise et d'une doctrine; d'un mode de vie et de raison d'être,
qu'il enseigna et répéta à ses jeunes recrues de l'
Agence Magnum
qu'il fonda en 1947 et dirigea jusqu'au début des années Cinquante.
Pour autant, il manque dans cette formule l'essentiel de ce qui définit son style
et le personnalise: l'ACTION.
Le sujet en action. Au plus près de l'action.
Rare, très rare, sont ses photos posées.
A l'exception de quelques portraits et encore, il s'agissait de commandes !
INUMAGINFO
- Quelles photos vous ont le plus émues ?
Bernard Lebrun :
Dans l'oeuvre de Robert Capa, mon image préférée demeure celle de la petite fille pleurant
devant une toile de tente dans un camp de réfugiés en Israël, en 1948.
De celles découvertes, deux images rarissimes de Capa au travail :
la première découverte par Michel, montrant Capa photographiant à l'automne 1938 la
"Despedida" des Brigades Internationales en Espagne.
La seconde, est la découverte d'un site Normand travaillant sur les archives
de la Seconde Guerre Mondiale, montrant
Capa entrain de recharger son boîtier
lors de la Libération du village de Saint-Sauveur le Vicomte, en juin 1944.
Deux photographies prises par des inconnus.
Mais les entrées de champ de Capa étaient fréquentes tant il bougeait vite
pour prendre ses photographies.
INUMAGINFO
- A la lecture de votre livre on sent une fascination pour Endre FRIEDMANN
dit Robert CAPA, comment la définiriez-vous ?
Bernard Lebrun :
Pas une fascination, mais un infini respect et une passion dévorante, tant pour l'oeuvre
que pour l'itinéraire fascinant de l'homme. Sa vie est une "success story"
à l'américaine : celle d'un quasi clochard débarquant à Paris en 1933, qui finira sa vie
à la tête d'une agence mondiale qui existe toujours : Magnum Photos.
Une story écrite à Paris, dans les rues et les immeubles de sa ville préférée.
INUMAGINFO
- Robert CAPA, que représente-t-il pour vous, il est plutôt un journaliste,
un artiste ou un humaniste ?
Bernard Lebrun :
Photographe bien sûr, mais d'abord et avant toute chose :
JOUR-NA-LIS-TE !
La signature préférée de Capa demeurera, de ses articles (méconnus)
comme pour ses fabuleuses mémoires :
"ROBERT CAPA, photos de l'auteur".
Il était un auteur et devint photographe après avoir toujours voulu écrire et devenir journaliste.
Ce qu'il devint à la fin de sa vie.
Mais la gloire de ses "icônes", ses photographies inoubliables
qui ont immortalisé les conflits du XXè siècle (il couvrit 5 guerres) ont pris le pas sur le reste...
de son activité journalistique.
Un jour on redécouvrira sa plume, si particulière et si proche de son style photographique.
INUMAGINFO
- N'est-ce pas l'homme que vous auriez voulu être ?
Mélangeant le danger et l'amour des femmes!!!! Sourire.
Bernard Lebrun :
Non. Il n'y a qu'un Capa. Il est définitivement unique, cela va de soit.
Qui plus est, sans fils, ni successeur. Mais avec nombre de disciples
et héritiers spirituels (dont certains se revendiquent), comme tous les pionniers et maîtres.
INUMAGINFO
- Vous est-il arrivé, lors de la couverture des différents conflits
de vous identifier à Robert CAPA ?
Bernard Lebrun :
Non. De s'inspirer de son courage et de sa volonté, oui.
Et plus encore, de sa façon bien à lui
de se préparer, d'anticiper afin d'être au bon endroit au bon moment.
Le lire en mission de guerre, peut aider à retrouver le sourire.
Fondamentalement, nos métiers ne sont pas très différents
entre hier et aujourd'hui. Il y a beaucoup de permanences.
Y compris dans la vie des "caravanes de presse" ou le travail "embeded" au sein
des unités militaires.
Rien n'a changé. Seul, le regard fait la différence.
INUMAGINFO
- Pour vous, les circonstances de la mort de Robert CAPA,
n'était-ce pas son destin ?
Bernard Lebrun :
Même si la mort est l'inéluctable destin de l'homme, on ne peut prétendre qu'à 40 ans,
tel était le destin de Bob Capa.
Pas plus que pour Gerda Taro sa compagne, morte écrasée
par un char en Espagne en 1937 ou encore, celui de Chim, David Seymour,
le grand ami de Capa avec qui il fonda Magnum, mort en 1956 sur les rives du Canal de Suez sous
les balles d'un mitrailleur Égyptien.
Tous les trois n'ont fait que leur devoir et vécu leur passion jusqu'au bout.
Avec pour seule arme, leurs appareils photos. Témoigner était leur unique motivation.
Capa et ses amis ont longtemps pensé qu'une image, une photographie de guerre, pouvait changer
le cours de l'histoire. Avec modestie et discernement, ils savaient aussi qu'il
fallait encore que le public - les lecteurs et donc citoyens - voient ou regardent ces images.
Jamais cyniques, toujours sceptiques, Robert Capa et ses amis étaient aussi fort
réalistes.
INUMAGINFO
- Un grand merci à vous, Bernard LEBRUN
et Michel LEFEBVRE,
co-auteurs d'un sublime ouvrage sur Robert CAPA.
F.L.E.G © le duo d’INUMAGINFO - Osez l’INFO avec un autre regard
Sur le même thème
"Mort d’un Milicien" à vendre
Le cliché "Mort d’un Milicien" sera mis à la vente aux enchères de "WestLicht*" le 23 novembre 2018.
Robert Capa –Mort d’un Milicien- à vendre https://t.co/TafqzwuvVy
— roussseau donatien (@RoussseauD) 29 octobre 2018
La photo prise en 1936 pendant la guerre civile espagnole, représente un milicien républicain
mortellement blessé par une balle ennemie. Il est généralement considéré comme l’un des enregistrements
les plus importants de tous les temps en temps de guerre et un symbole de la lutte contre le fascisme
a déclaré Richard Whelan - expert du travail de Robert Capa.
*Le "WestLicht" à Vienne en Autriche est le premier site dédié à la Photographie.
Photos de / et Robert CAPA
Un jour on redécouvrira sa plume, si particulière et si proche
de son style photographique. "Si ta photo n'est pas bonne,
c'est que tu n'étais pas assez près" phrase de Robert CAPA.
INUMAGINFO remercie l'éditeur et l'International Center
Of Photography/Magnum pour les extraits et les photos du livre.
Photos Bernard Lebrun © INUMAGINFO.COM
Le livre "Robert CAPA, traces d'une légende"
un livre de Bernard LEBRUN, Michel Lefebvre et la collaboration de Bernard Matussière aux Ed.de Lamartinière. INUMAGINFO remercie l'éditeur et l'International Center Of Photography/Magnum pour les extraits et les photos du livre.
Robert CAPA en BD avec "Omaha beach, 6 juin 1944"
édité chez Magnum Photos/Aire Libre - Editions Dupuis.
"Capa L'étoile filante"
Le biopic sans fard d'une légende de la photographie de Florent Silloray pour le scénario et
le dessin.
Robert Capa dresse le bilan d'une vie passée à couvrir les champs de bataille du monde entier.
Loin de l'image de tête brûlée qui lui colle à la peau et qui a fait de lui une légende du photojournalisme,
il se raconte sans fard et dévoile la blessure originelle qui a décidé de toute son existence...
L'exposition "Robert CAPA"
"La Valise mexicaine Capa, Taro, Chim"
exposition au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
du 27 février 2013 au 30 juin 2013
INUMAGINFO remercie l'éditeur et
l'International Center Of Photography/Magnum
pour les extraits et les photos du livre.